9. Votre distribution bleeding-edge

Bleeding-edge signifie dernier cri, c'est-à-dire que vous pouvez avoir sur votre système les toutes dernières versions des logiciels que vous utilisez. Ceci était un argument en faveur de la recompilation d'une application. Nous allons voir que recompiler une application n'est pas le seul moyen d'avoir un système dernier cri, et que l'on peut donc là encore se passer de recompiler ses applications.

Si vous avez déjà entendu parler de Cooker sur Mandrake, de Debian Sid, de Rawhide sur Redhat ou de Slackware-Current (chaque distribution a son nom), sachez que là, on parle d'une distribution à la fois bleeding-edge et à la fois instable. Avoir la toute dernière version d'un logiciel implique donc d'avoir un logiciel instable. Et de la même manière, avoir une distribution à la pointe signifie aussi avoir une distribution instable.

En quoi consiste cette instabilité? Pour la distribution, si vous installez la branche instable d'une distribution, vous n'êtes pas à l'abri d'une fausse manipulation d'un packager, qui pourrait ainsi ruiner votre système. De plus, cette distribution instable est mise à jour tous les jours en fonction des nouveautés du moment, ce qui augmente le risque par rapport à la branche stable, mise à jour (nouvelle version) tous les 3 mois ou tous les 6 mois. Inversement, pour une distribution stable, les risques sont très réduits puisque beaucoup de monde a testé la version stable, qui n'est sortie qu'après de nombreux tests. Installer une distribution instable vous fait donc prendre un risque dont vous devez tenir compte. Vous devez entre autres n'avoir aucune donnée importante, ou alors faire des sauvegardes régulièrement si vous choisissez de l'installer. Vous devez aussi, en cas de problème, prendre le risque de devoir tout réinstaller depuis zéro, ce qui vous rendrait temporairement votre GNU/Linux indisponible. La loi de Murphy précise de plus que cela arrive toujours au mauvais moment! Pourtant, si ce risque existe, sachez que par expérience, personnelle avec Mandrake Cooker, et par ouï-dire pour Debian Sid comme pour Mandrake Cooker (aucun echo pour ma part pour les autres distributions), ce risque est assez faible (je n'ai été qu'à deux doigts de la catastrophe qu'une seule fois en un an, et même cette fois-là, la catastrophe a été évitée, de justesse). Une distribution dite instable est utilisable, quoi qu'on en dise. Cependant, vous aurez quand même été averti si vous venez à en utiliser une.

Cette instabilité existe aussi pour chaque logiciel. En effet, la dernière version d'un logiciel n'est pas à l'abri d'un bug, et comme la plupart des logiciels n'ont été testés que par un maximum d'une dizaine de personnes pendant quelques minutes. Vous pourriez donc, en utilisant un logiciel dans une version qui vient de sortir, découvrir vite fait un bug très désagréable. Et lorsqu'il s'agit d'une bibliothèque utilisée par de nombreux programmes, c'est l'ensemble du système qui en devient difficilement utilisable. Ce fut par exemple le cas pour Mandrake Cooker alors qu'on utilisait déjà gnome-2.0 mais qu'il n'était pas encore officiellement sorti: la stabilité de gnome était alors déplorable. En utilisant une distribution dite stable, vous avez des logiciels qui ont déjà été testés pendant un certain temps, et les bugs dont on s'aperçoit tout de suite ont disparu. Le gnome-2.0 disponible dans la Mandrake-9.0 est d'ailleurs plutôt stable. Si vous utilisez la branche instable d'une distribution, avec des logiciels dans des versions qui viennent de sortir, même si la distribution est relativement stable, elle est néanmoins instable par les logiciels qui la composent. Vous prenez donc un risque aussi avec les logiciels qui viennent de sortir.

Stabilité ou dernier cri, les deux sont incompatibles, et c'est à vous de choisir. Si vous hésitez, préférez rester sur une distribution stable, en vous contentant de mettre à jour les paquets quand une mise à jour de sécurité a lieu.

création est mise à disposition sous un contrat Creative Commons